REFLEXIONS D'UN
PREMIER JANVIER SANS NEIGE
Premier janvier 2017, grand soleil et pas de neige… le problème n’est
pas nouveau, déjà en 1916 les oscillations des glaciers du Mont Blanc
telles qu’elles apparaissent dans les archives de Chamonix laissent
conclure à une période de décrue vers la fin du 16° siècle, analogue à
la période que nous venons d’enregistrer.
Les études s’intensifient du fait que le développement de la houille
blanche fait que ces glaciers représentent maintenant un intérêt
économique.
Vers 1906 dans le massif la décrue semble s’arrêter. Petite poussée des
Bossons de 1910 à 1913, et également avancée du glacier du tour.
En 1913 les nivellements opérés ne montrent pas un gros afflux vers les
langues terminales.
Seul Bionassay présente un gonflement général. La petite crue qui se
propage depuis 1909 semble provenir d’une vague et une fois fondue le
recul reprendra.
En Tarentaise et Maurienne depuis 10 ans, le régime est également à la
régression, il subsiste quelques avancées mais qui n’aboutissent pas.
Ainsi en 1908 les glaciers des sources de l’Arc et du Grand Méan
augmentent de quelques mètres, mais reculent de nouveau l’année
suivante.
En 1912 Gébroulaz avance à son tour. En Dauphiné les mêmes vissicitudes
glaciaires qu’en Savoie ont été observées.
Dans le massif des Grandes Rousses de 1902 à 1911 le recul est constant
mais lent. Le glacier des Quirlies 2° du massif à rétrogradé de
seulement 7 mètres entre 1902 et 1905 et de 16 mètres entre 1905 et
1909. Un enneigement progressif s’est manifesté toutes ces années, tous
les névés ont augmenté d’épaisseur, mais aucun allongement net et
caractérisé ne s’est produit sur les langues terminales.
Dans le massif du Pelvoux, fin 19° début 20° siècle la fusion à été
importante même en altitude.
En 10 ans à partir de 1896, 10 mètres d’épaisseur ont disparu au col de
la Lauze (3075).
En 3 ans (1904/1907) le glacier Blanc à perdu une tranche de 16 mètres
à la même altitude.
Au confluent du glacier du Chardon et du Petit Chardon, à la cote 2300
mètres, le niveau à baissé de 29 mètres.
En août 1906 le glacier du mont de Lans à perdu 10 cm par jour à 3200m.
A partir de 1907 brusquement la situation se modifie, à l’été brulant
de 1906 succède un été froid. Aussitôt la ligne topographique des
neiges revient à 2700 m soit une descente de 700m. Le glacier du mont
de Lans remonte de 70 cm. Les étés suivants également froids, le
phénomène a continué. Dans les hautes régions le glacier de la Selle en
un an avait repris presque 5 mètres.
Cette copieuse alimentation en neige s’est rapidement fait sentir sur
les langues terminales des glaciers du plateau du mont de Lans, et dès
1909, deux ont fait une petite poussée de 9 mètres.
D’autres se sont élargies recouvrant des surfaces à nu depuis 10 ans.
Sur le glacier de la Selle, plus bas, la répercussion à été beaucoup
plus lente, et seulement en 1912 elle a produit de faibles indices de
progrès. Sur d’autres langues voisines, la décrue a continué comme sur
le glacier de la Meije qui à perdu 65 mètres.
Sur le versant méridional du Pelvoux, la grande décrue actuelle à
profondément modifié l’aspect des montagnes, entrainant la disparition
de nombreux glaciers, ou leur morcellement.
14 disparitions entre Valjoufrey et Valgaudemar, par exemple, 14
également entre petit et grand Chaillol.
Dans la Vallouise le glacier du dôme du Monestier qui en 1893 arrivait
jusqu’au lac de l’Eychauda, en est maintenant séparé par 3 ou 400
mètres, et est divisé en trois morceaux aujourd’hui. (En 2016 il a
complètement disparu du cirque de l’Eychauda).
Depuis 1907, l’enneigement s’est amélioré, particulièrement en 1909 et
1912, mais la situation est restée temporaire et dès 1913 les
précédentes accumulations ont commencé à disparaître.
Cette fusion est due selon les spécialistes aux abondantes
précipitations de septembre et octobre 1912 qui produisirent peu de
neige, et à une température relativement élevée pendant plusieurs
périodes de l’hiver, donnant plus de pluie que de neige, pluie qui a
fait fondre rapidement les stocks existants.
Ces constatations (fin 18°) correspondent en gros avec le début de
l’ère industrielle et ça ne s’est pas amélioré depuis. A voir notre
hiver actuel, soleil et baromètre à pratiquement 1040 millibars pas de
quoi être optimiste !
L’hiver 1915/1916, est très doux au début, et presque pas de neige en
janvier. Le temps passait et peu à peu se muait en printemps. En
Queyras, les grives chantait déjà dans le vallon de Peinin, quand de
violentes chutes de neige sont arrivées en février. En Savoie, suite à
l’abondance des précipitations des dernières journées, de violentes
avalanches se déclenchèrent en Tarentaise. La plus importante sur le
territoire de St Jean de Belleville. Une masse énorme détachée du
sommet de la montagne de Crève-cœur à tout emporté sur son passage.
Poteaux, arbres, routes, sur plus d’un kilomètre.
Nous fûmes frappés (1907 Maurice Paillon parle du glacier Blanc) de la
diminution énorme de la chute de séracs. Enfin dans le bassin du
glacier de la Pyramide que nous avions examiné très attentivement en
1889, , mêmes observations. Le couloir du col Jean
Gauthier, assez abrupt mais passé assez aisément par le guide Jean
Gauthier et P A Reymond, puis à un mois de date par ce même guide et E
Rochat, grâce à son énorme enneigement ; était devenu aussi
infranchissable que les couloirs de la face nord de la Meije n’étant
plus recouvert que d’une infime couche de glace noire mélangée de
poussière de granit. ( Maurice Paillon chronique alpine la Montagne
1915)
En ce qui nous concerne aujourd’hui la situation n’est pas tellement
plus brillante, les skis vont rester tristement au fond du garage, j’en
profite pour vous souhaiter à tous une bonne année, neige ou pas, et
plein de courage au nouveau comité pour faire avancer la machine.
J P B
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